La musique existe depuis les temps les plus reculés et il est difficile de dater, même approximativement, son origine. Le rythme et la mélodie sont toujours présents dans la musique et il est difficile de savoir lequel des deux fut le point de départ de cet art ancestral (chants, battements de mains, choc de pierres ou de morceaux de bois). Quelques traces furent découvertes en Afrique mais l’étude de la musique préhistorique paraît être une gageure. Les recherches archéologiques font remonter l’utilisation d’instruments de musique (trous percés dans des instruments faits d’os ou d’argile) parfois associés à des instruments de chasse (tels les appeaux ou les rhombes formant un lasso lesté) à au moins 35 000 ans.
On ne peut cependant pas avancer une date précise pour l’apparition de la musique. Au début, la musique des hommes qui vivaient sur Terre à ces époques lointaines n’était pas semblable à la nôtre. Les mélodies qu’ils inventaient traduisaient des sentiments, des émotions élémentaires. Le rythme leur donnait vie. La danse est la musique du corps et ils dansaient et martelaient le sol avec les pieds pour accompagner leur musique. Leurs danses consistaient entièrement en mouvements du corps et des bras, lents ou endiablés, doux ou violents, selon le sentiment exprimé. Les hommes préhistoriques ont probablement adopté l’expression musicale au cours de cérémonies rituelles associant gestes (fumigations4, danses, d’où l’intérêt du nouveau champ d’études interdisciplinaire développé à la fin du xxe siècle, appelé choréomusicologie (en)), musique et chant.
Leur musique pouvait être gaie ou mélancolique, leur tenir compagnie au travail ou à la guerre. Elle pouvait être violente ou douce. Elle pouvait aussi exalter leurs sentiments religieux par des incantations destinées à agir sur les phénomènes que ces hommes ne pouvaient s’expliquer, comme le vent, le tonnerre, la maladie… Elle servait également à communiquer avec les esprits, apaiser les démons, etc.
Une première recherche directe en musique préhistorique est entreprise par le préhistorien Michel Dauvois et le spécialiste de musique antique Iegor Reznikoff qui s’intéressent aux paysages sonores de trois grottes paléolithiques de l’Ariège : leur étude entre 1983 et 1985 émet l’hypothèse controversée que les peintures sont concentrées dans les endroits des grottes où l’écho est le plus fort. Le « choix des emplacements de figures a été fait en grande partie pour la valeur sonore de ces emplacements » et ces hommes ont probablement chanté ou joué de la musique en direction des figures animales, par exemple en jouant du rhombe de bison en direction de ce mammifère, de la flûte en radius de cygne en direction des oiseaux, du cor fait d’une corne d’auroch, de renne, de bouquetin, en direction de ces animaux7.
Les phalanges sifflantes sont les premiers « instruments de musique » préhistoriques découverts par des archéologues en 1860, dans la grotte d’Aurignac. Ces phalanges perforées de renne, comme les sifflets en os troués, ont probablement été utilisés comme outils de chasse pour communiquer entre les membres d’un clan ou avec des loups apprivoisés, voire servir d’appeaux mais il est difficile de savoir s’ils pouvaient produire une mélodie et donc être véritablement qualifiés d’instruments de musique.
D’autres instruments de musique ont pu être confectionnés dans des matières végétales périssables. Les hommes préhistoriques ont pu également faire résonner des pierres naturelles, les lithophones (instruments dormants : stalactites et stalagmites ; instruments mobiles : phonolites, pilons ou haches qui produisent des sons cristallins lorsqu’ils sont posés sur des points souples et percutés avec des maillets en bois, à l’instar des gamelans).
En septembre 2008, des chercheurs mettent au jour dans la grotte de Hohle Fels en Allemagne trois flûtes en ivoire de mammouth, en os de cygne et en os de vautour. Cette dernière est datée par la méthode du carbone 14 à plus de 35 000 ans, ce qui en fait le plus vieil instrument de musique dans le monde.
Certaines légendes vantent les vertus de la musique, tantôt maléfique, parfois bénéfique. Ainsi la légende d’Orphée, dont la femme, Eurydice, fut mordue par un serpent le jour même de ses noces. Orphée descend alors aux Enfers, et charme par la douceur de son chant les divinités infernales qui lui rendent son épouse.
Mais il n’existait alors aucune règle. C’est alors en Chine que l’on a retrouvé les premières traces de théorie musicale, qui dateraient d’environ dix siècles av. J.-C. Cette musique est inséparable de la poésie et de la danse, pour certains sages elle exprimait l’équilibre entre le ciel et la terre. Une gamme avait été aussi inventée, comportant cinq notes, qui se succédaient de quinte en quinte ascendante, en partant de fa. Chaque note avait valeur de symbole : la première représentait un prince, la deuxième un ministre, etc. Bien après, apparut une autre gamme de sept notes, elle est semblable à celle que nous utilisons aujourd’hui. Ces deux gammes sont encore utilisées en Chine.
Le poète chinois Liù-Wei raconte que selon la légende, 2 500 ans avant notre ère sous le règne de l’empereur Huángdì, ce dernier chargea un maître de musique à la Cour d’une mission difficile : lui ramener le secret du chant des oiseaux qui vivaient dans une région reculée où les oiseaux chantaient comme nulle part ailleurs. Le maître partit immédiatement et quand il revint, des mois plus tard, il avait avec lui douze flûtes qui correspondaient aux douze notes de la gamme chromatique. Cependant pendant des siècles les Chinois n’utilisèrent que des gammes à cinq notes ou pentatoniques, toutes fondées sur les 12 notes de la gamme chromatique, par exemple fa dièse, sol dièse, la dièse, do dièse et ré dièse.
Les Chinois de cette époque avaient déjà de nombreux instruments de musique à disposition comme des cloches chinoises et des tambours, des orgues à bouche, des flûtes, des cithare chinoises ressemblant à des mandolines et un luth primitif au son très doux fait d’une longue et étroite pièce de bois sur laquelle des cordes étaient tendues. Dès les temps anciens, la musique accompagnait toutes les cérémonies. Chanteurs, danseurs et instrumentistes participaient de façon importante aux cultes célébrés aux forces de la nature ; plus tard, ces cultes furent dédiés à Bouddha et Confucius.
L’épitaphe de Seikilos, retrouvée près de Trales, en Asie Mineure et datée du iie ou du ier siècle av. J.-C. est le plus ancien exemple découvert à ce jour sur terre d’une composition musicale complète avec sa notation.